L’Europe découvre l’islam lors de la conquête de l’Espagne au VIIIe siècle, mais c’est avec les croisades du XIIe siècle que s’améliore la connaissance de la culture arabe. Des moines et des clercs recherchent la science grecque dans le monde musulman, apprennent la langue arabe et procèdent aux premières traductions du Coran, que l’on appelle à l’époque l’Alcoran. Le commerce et la diplomatie en Méditerranée exigent de comprendre l’adversaire dans sa langue pour mieux échanger. Des Européens polyglottes se rendent en Orient. Malgré les préjugés, la connaissance du Coran se répand, enrichissant les réflexions des savants de la Renaissance et des Lumières. L’arabe entre dans la culture classique européenne, jusqu’à susciter une véritable fascination au XIXe siècle, à travers l’orientalisme. Comment les Européens ont-ils appris l’existence du Coran et ont-ils pu se le procurer ? Comment traduisait-on ce texte dont la religion paraissait si étrangère ? Qui parlait l’arabe en Europe avant le XXe siècle? Autant de questions auxquels Olivier Hanne répond au cours de cette émission présentée par Christophe Dickès.
L’invité: spécialiste d’histoire médiévale, Olivier Hanne est agrégé et docteur en Histoire. Médiéviste, sa thèse était consacrée à Lothaire de Segni avant son élection au pontificat sous le nom d'Innocent III (Belin, 2012). Islamologue, il est chercheur-associé à l'université d'Aix-Marseille. Auteur de nombreux autres ouvrages, il a publié aux éditions L’homme Nouveau Le génie historique du catholicisme. Il vient de publier AlCoran, Comment l'Europe a découvert le Coran (Belin, 2019). Il écrit régulièrement pour les revues Conflits, Moyen-Orient, Diplomatie, DSI, Défense nationale, Géostratégiques, Res militaris..
Des hommes d'honneur!
En 1989, Arlette Farge signe un essai tout à fait délicieux sur le charme de l’archive et le sens de la minutieuse quête de l’historien. Cherchant à recoller les morceaux d’une vie (ou plutôt de plusieurs vies), le chercheur est toujours tracassé par un vieux document tellement jauni par le temps qu’il en est devenu quasi illisible; le chercheur est souvent hésitant à ouvrir ce carton sans importance apparente mais qui constitue peut-être l’écrin d’un trésor dont seul lui percevra la valeur. Décrypter pour reconstituer. Chaque peuple, chaque civilisation, chaque société, chaque époque est un croisement d’individualités, de passions humaines, d’aspirations particulières, de codes institutionnels. Étudier un personnage c’est toujours l’étudier dans le carrefour où plusieurs histoires d’entremêlent. Le chercheur est à l’avant-garde de l’histoire. Il découvre et fait connaître des vies qui ont appartenues au passé et dont les traces sont bien petites par rapport à la richesse de leurs existences. Mis bouts à bout, ces fragments de vie participent à constituer mais souvent des années plus tard, la grande histoire, celle qu’on apprend dans les manuels. Un historien sans archives n’est peut-être alors qu’un romancier. Vincent Haegele, vient d'écrire trois histoires, trois vies d'Ancien Régime à partir de fonds d'archives inédits. Il nous propose de découvrir ces trois personnalités derrière le prisme de la question de l'honneur. Il est interrogé par Mari-Gwenn Carichon
L'invité: Vincent Haegele est directeur des bibliothèques de la ville de Versailles. Ancien élève de l’École Nationale des Chartes, Vincent Haegele est spécialiste de la dynastie napoléonienne ( il est connu pour sa biographie des frères de Napoléon et de Murat et pour avoir publié la correspondance intégrale de Napoléon et Joseph Bonaparte; Il a déjà été reçu sur Storiavoce pour son livre Napoléon et les siens, Un système de famille (Perrin, 450 pages, 24.90€)). Il vient de publier aux éditions Passés composés Des hommes d’honneur, trois destins d'Ancien Régime (2019, 352 pages, 23€).
Rupture ou continuité coloniale (XIXe-XXe Sc.)?
Après une première émission consacrée aux débuts de l’aventure en Atlantique, Storiavoce vous propose un second cours d’histoire sur le commerce maritime aux XIXème et XXème siècles. La Révolution provoqua-t-elle une rupture dans le système colonial ? Comment évolue le commerce maritime pendant le constitution de l’Empire colonial ? Pourquoi le divorce entre l’empire colonial et le capitalisme français selon l’expression de Jacques Marseille? Olivier Grenouilleau est interrogé par Mari-Gwenn Carichon au cours de cette émission enregistrée avec le concours de l’association Outre-Mer Développement.
L’invité : Olivier Grenouilleau est historien, membre du centre Roland Mousnier, connu pour être grand spécialiste de l’esclavage et de l’histoire maritime et coloniale. Son essai sur Les traites négrières en 2004 a été couronné de nombreux prix. Il vient de publier chez CNRS éditions Fortunes des mers et sirènes coloniales (24,00€).
Nous vous prions d'excuser la qualité de l'enregistrement, indépendant ici de notre volonté
Dreyfus : les ressorts d'une affaire moderne
« La vérité est en marche et rien ne l’arrêtera » signe Émile Zola le 25 novembre 1897 dans le Figaro au sujet de l'Affaire qui a secoué la Troisième République. L’Affaire, c’est celle avec un grand A, celle qui a bouleversé tous les dîners de familles comme le montre la caricature si connue de Caran d’Ache parue dans le Figaro en 1898 et qui a aujourd’hui toute sa place dans les manuels scolaires. L’Affaire c’est au départ une erreur judiciaire qui s’est transformé en scandale politique, diplomatique et en objet intellectuel. Fondée sur une erreur, alimentée par la légende, enjolivée par la littérature, et aujourd'hui mis en scène par le cinéma, l'Affaire Dreyfus n’a pas fini de faire parler d’elle. Celui qui disait vouloir n’être qu’un « simple officier français » est devenu un symbole pour les uns, un bouc émissaire pour les autres. Pour l'évoquer, Mari-Gwenn Carichon a invité Alain Pagès.
L'invité: Alain Pagès est professeur émérite à l’université de Sorbonne-nouvelle, grand spécialiste de l'écrivain Émile Zola (Zola et le groupe de Médan (Perrin, 2014, 480 pages) ; Le Paris d’Émile Zola, (Éditions Alexandrines, 2016, 128 pages), Lettres à Jeanne Rozerot (1892-1902) (avec Brigitte Émile-Zola, Gallimard, 2004, 400 pages). Il vient de publier chez Perrin : L’Affaire Dreyfus, Vérités et légendes.
L'ouverture Atlantique: fortunes de mers et sirènes coloniales
Première émission d'un cours d'histoire consacré à l'ouverture Atlantique et l'Outre-Mer consacrée aux débuts de l'aventure en Atlantique : sa découverte, son exploration, son exploitation, du XVIe siècle jusqu’à la Révolution française. C’est vers 1660 que la France entre dans le grand commerce atlantique et colonial, notamment avec le port de Saint-Malo. Mais l’essor du négoce colonial au siècle suivant, avec la production antillaise de canne à sucre, d’indigo et de café, et le développement de la traite négrière, occulte souvent l’émergence de ce premier système capitaliste maritime au XVIIe. Et fait oublier que le commerce colonial se poursuit, sous d’autres formes, avec le vaste empire que la France se constitue à partir du XIXe siècle. Grâce au recul du temps long (des années 1660 à 1914, voire 1940) et à une approche combinant des méthodes rarement connectées : étude quantitative, culture des acteurs du jeu économique, rôle de l’État…, se dessine un panorama complet du grand capitalisme maritime français, de ses forces et de ses faiblesses, ainsi que de ses acteurs.Qui furent les premiers intéressés par l'aventure transatlantique? Existe t'il entre l'Etat et les commerçants : concurrence ou collaboration ? La traite était-elle inévitable ? Olivier Grenouilleau est interrogé par Mari-Gwenn Carichon.
L'invité : Olivier Grenouilleau est historien, membre du centre Roland Mousnier, connu pour être grand spécialiste de l’esclavage et de l’histoire maritime et coloniale. Son essai sur Les traites négrières en 2004 a été couronné de nombreux prix. Il vient de publier chez CNRS éditions Fortunes des mers et sirènes coloniales (24,00€).