Revue de presse française - À la Une: une grève «massive» en France contre la réforme des retraites
La presse est unanime. Entre 800 000 et 1,5 million de manifestants dans tout le pays… « Inutile d'ergoter sur le grand écart des chiffrages, tranche le journal La Charente Libre, la mobilisation nationale contre le projet de réforme des retraites a été massive ».
Ouest France ? La mobilisation a été « massive ».
L'Humanité ? Les grèves ont été « massives ».
Le Courrier Picard ? Ce premier jour de mobilisation contre la réforme des retraites a été un « beau succès », le « coup de semonce » a porté.
La Croix ? La mobilisation a été « forte ».
Même Le Figaro en convient : la mobilisation a été « massive », admet ce journal.
« Ça part fort, lance Libération, le "gain" de la journée d’hier est aux syndicats. »
Oh, bien sûr, ça n’a pas été un « tsunami », mais la grève du 5 décembre 2019 restera « dans les annales », énonce Le Midi Libre, les syndicats ont « réussi leur coup ».
Voilà donc pour l’impression d’ensemble. La suite ? Les sujets de préoccupation divergent. Il y a d’abord les journaux qui font les comptes. Comme Le Figaro par exemple. Le quotidien conservateur, « en Une », s’inquiète déjà de la « facture » de cette réforme des retraites qui risque d’être « salée » en raison de ce que Le Figaro appelle les « lots de consolation » que le gouvernement a déjà commencé à distribuer « aux uns et aux autres » pour « déminer tous azimuts ».
Il y a ensuite ceux qui s’interrogent sur les leçons politiques à tirer de la journée de jeudi. Comme le journal La Croix qui remarque qu’au-delà des transports la grève touchait aussi la fonction publique, « en particulier l’enseignement », mais aussi le secteur de l’énergie et, dans les manifestations, on a noté « la présence de professions libérales ». Alors ? Alors le quotidien catholique se demande ce qu’il convient à présent de faire, et La Croix préconise un « pacte social sur les retraites ».
Ou encore comme Libération, qui souligne que certains manifestants « laissent de côté la réforme et ciblent Macron, ses discours, son style, sa politique, sa personne, comme si le procès intenté dès l’origine - le "président des riches" - n’en finissait pas d’être instruit ». Alors Libé met en garde contre « le risque de ce genre de situation quand elle se prolonge : aussi rationnel soit-il, le verbe gouvernemental devient inaudible ». Et sans attendre, ce journal agite « le spectre de 1995 ».
Faut-il tenir ? Céder ?
Cette année-là, en effet, les grèves, qui avaient duré près de trois semaines, avaient fait plier le gouvernement Juppé. « Droit dans ses bottes », Alain Juppé, Premier ministre d’alors, avait dû céder face aux manifestants descendus par millions dans les rues de France.
En sera-t-il de même en 2019 ? En tout cas, constate Les Échos, « le bras de fer s’installe ». Lequel quotidien économique prévient d’une nouvelle « journée noire » dans les transports aujourd’hui. En attendant les suivantes...
Et donc, souligne L’Est Républicain, pour l'exécutif, c’est « clair », il faut empêcher les mécontentements de se « coaguler », il faut barrer la route à la « fameuse » convergence des luttes, même si, selon ce quotidien de l’est de la France, il paraît illusoire d'essayer « d'éteindre un incendie avec un arrosoir ».
Alors que va faire le gouvernement ? Certes, cette grève fut un « succès », admet le journal L’Opinion, mais un succès « très relatif », et l’on connaît désormais le « rapport de forces », estime ce quotidien, en invitant le gouvernement à « tenir ».
En résumé, énonce le journal La Montagne, au regard de la forte mobilisation de ce 5 décembre, les organisations syndicales ont d'évidence « remporté le premier round » du bras de fer qu'elles ont engagé avec le gouvernement. Ce qui n'augure en rien de l'issue de ce conflit appelé à durer au moins jusqu'au milieu de la semaine prochaine. L'exécutif sait qu'il va marcher sur des œufs.
Revue de presse française - À la Une: veillée d’armes syndicale
C’est en effet demain jeudi, le grand jour, pour les uns, la galère pour les autres… La grève reconductible contre la réforme des retraites va commencer…
« Comment s’organiser ? », s’interroge Sud-Ouest.
« À quoi s’attendre ce jeudi », lance Le Courrier Picard.
« Ce qui nous attend », renchérit La Dépêche.
« Ce qu’ils ont prévu », insiste La Voix du Nord.
« Tout ce qu’il fait savoir », s’exclame Nice-Matin.
Pour ce qui est de Paris, les prévisions sont alarmistes : « du jamais-vu depuis 1995, affirme Le Parisien. Sur les rails, dans le métro, dans le ciel et sur la route, il sera très compliqué, voire impossible, de se déplacer demain. » En effet, « 9 trains sur 10 annulés à la SNCF, 11 lignes de métro sur 16 fermées à Paris, dans les airs, 20 % des avions cloués au sol. » Du coup, il faut s’attendre à des « engorgements » monstres sur les routes…
Cela va-t-il durer ?
En effet, demain, « jeudi la France sera en panne, constate La Nouvelle République. Trains à quai, avions au sol, écoles et guichets administratifs de toute nature fermés. C’est l’"Apocalypse now" social annoncé. Le mur d’airain contre lequel la réforme des retraites et plus généralement le gouvernement doit se fracasser. Les Français dûment informés s’organisent, ressuscitant de vieilles solidarités. Les grands parents, parfois mal pensionnés et qui auraient eux aussi quelques raisons de défiler sont priés de garder les mioches. »
« Quelle forme prendra le mouvement ? Quelle intensité et, plus encore, quelle durée ?, s’interroge L’Est Républicain. C’est tout l’enjeu des jours à venir. Pour des syndicats de plus en plus débordés par leur base. Également pour l’exécutif qui semble jouer la montre et attendre de voir l’étendue des dégâts pour adapter sa réponse. Ce qui, sur le chemin d’une réforme aussi essentielle ressemble plus à du cabotage qu’à une politique mûrie et déterminée. »
« Rarement l’annonce d’un mouvement de grève n’aura suscité autant d’interrogations, d’inquiétudes et de commentaires, pointe pour sa part L’Union. Et même de comparaisons pour ceux qui ont connu les manifestations de 1995. Si 24 ans plus tard, les ingrédients sont les mêmes, réforme des retraites et mécontentement social généralisé, la mobilisation de cette année arrive dans un contexte beaucoup plus tendu : celui d’un an de gilets jaunes, celui d’une défiance sans commune mesure envers les institutions, les médias et les politiques. »
Flou…
Alors, sur le fond, quelle forme pourrait prendre cette réforme des retraites ? En fait, on n’en sait rien ou pas grand-chose…
« Depuis plusieurs mois, constate Libération, le gouvernement a semé la confusion, à grand renfort de déclarations contradictoires sur les réformes "paramétrique" et "systémique" qu’il conviendrait (ou pas) de mener de front. Quels gagnants, quels perdants ? Matignon balaie la question : "Il n’y a que des gagnants puisque nous sauvons le système de retraite". Quand et comment doit s’opérer le retour à l’équilibre de l’actuel système ? Faut-il prévoir un "âge pivot" et s’en tenir à "la clause du grand-père" pour mettre en œuvre le nouveau régime universel qui se substituera, très progressivement, aux 42 régimes condamnés à disparaître ? Sur ces questions, le pouvoir a entretenu un flou virant parfois aux couacs. »
Qui pourraient être les gagnants et les perdants de la réforme ?
Libération a analysé les conséquences de la réforme des retraites pour plusieurs catégories professionnelles et profils. Avec toujours cette questions : les arbitrages rendus après la manif de jeudi corrigeront-ils le tir pour les perdants ?
Exemple : « les agriculteurs, artisans et commerçants : ils seraient gagnants… parce qu’ils touchent de petites retraites et qu’Emmanuel Macron a promis pour cette réforme une retraite minimale à 1 000 euros pour une carrière complète. À condition que… le gouvernement tienne cette promesse d’un "minimum contributif à 85 % du smic pour une carrière complète". »
Autre exemple, toujours d’après Libération : « les enseignants : ils y perdront… parce qu’aujourd’hui leur retraite est calculée sur leurs six derniers mois de travail, et que demain c’est l’ensemble de la carrière qui sera prise en compte. Pour compenser ce changement chez les fonctionnaires, le gouvernement a prévu d’intégrer les primes dans le calcul de la retraite alors qu’elles sont, jusqu’ici, très peu comptabilisées. Mais si les primes représentent, en moyenne, près d’un quart de la rémunération des fonctionnaires, ce taux chute à 10 % pour les enseignants, et même à 5 % pour ceux du premier degré. Sauf si… le gouvernement revalorise vraiment leurs rémunérations. Mais début octobre, Macron s’était montré réticent à cette idée, qui pourrait coûter 10 milliards. »
À la Une également : la guerre est déclarée entre Trump et Macron…
« Après avoir entretenu une amitié de façade, Emmanuel Macron et Donald Trump sont désormais à couteaux tirés, constate en effet Le Midi Libre. Finis devant la presse les fastueux repas à la Maison Blanche et les accolades sur les Champs-Élysées le 14 juillet. La "love comedy" entre le kid d’Amiens et le mégalo new-yorkais est cette fois bel et bien terminée. Taxes commerciales, Gafa, Iran, climat, immigration : la liste des divergences bilatérales est devenue trop grande. Au point de ne plus pouvoir cacher la "fâcherie". »
Celui qui a mis le feu aux poudres, rappelle Le Journal de la Haute-Marne, c’est Emmanuel Macron qui avait récemment « considéré, non sans un certain sens de la provocation, l’Otan comme étant en état de "mort cérébrale". Grosse colère surjouée de Donald Trump. Qui, fidèle à sa désormais très prévisible stratégie, a pris ses grands airs face au Président français et glissé sur le terrain… économique. Un mélange des genres dont il a l’habitude, jusqu’à en devenir parfois quasiment incohérent. »
En effet, relève La Croix, « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais. Ainsi peut-on résumer l’attitude de l’administration américaine s’agissant des relations économiques internationales. Depuis deux ans, les États-Unis ont pris de nombreuses sanctions contre leurs partenaires commerciaux. [...] Pour autant, constate le quotidien catholique, l’Amérique n’accepte en aucun cas qu’un autre pays fasse de même. Lorsque la France décide d’imposer les plateformes numériques via ce que l’on appelle la taxe Gafa, le Goliath américain grimpe sur ses grands chevaux et annonce sa volonté d’instaurer des taxes douanières allant jusqu’à 100 % sur le champagne, le fromage ou la maroquinerie. L’attitude de Donald Trump, conclut La Croix, en dit long sur l’influence de multinationales comme Google, Amazon ou Facebook. »
Revue de presse française - À la Une: l’hommage de la nation à ses soldats tombés au Mali
« La guerre est entrée dans Paris, s’exclame Libération, sous la forme de treize corbillards traversant au pas le pont Alexandre-III. Hier matin, ils amènent aux Invalides les dépouilles mortelles des militaires français morts il y a une semaine au Mali, lors du double accident d’hélicoptères intervenu alors qu’ils participaient à des combats dans le cadre de l’opération Barkhane. Avec ce convoi funéraire, c’est l’engagement des armées françaises à des milliers de kilomètres qui devient soudain visible dans la capitale. »
« L’hommage du chef de l’État est celui de la nation, poursuit Le Figaro. Dans son discours, le président retrace les circonstances du drame, raconte la geste de ces militaires, "l’opacité" et le "silence" de la nuit rompu par les explosions des hélicoptères qui touchent le sol. Emmanuel Macron replace le "destin" de ces hommes "hors normes" dans le roman national et la lutte "de tout un pays" pour sa liberté et contre le terrorisme. "Vous étiez treize soldats, treize engagés volontaires, engagés pour une certaine idée de la France qui vaut d’être servie. Un engagement profond, modeste et discret, rendu public par le sacrifice. Volontaire, car chacun avait choisi seul le parcours, le chemin de l’honneur d’être un homme", souligne Emmanuel Macron. Il s’agit de faire d’eux des héros. »
« Accepter de payer peut-être un jour le prix du sang est un ingrédient essentiel de l’héroïsme que le président veut mettre en valeur. Est-ce le seul ?, s’interroge Sud-Ouest. Pour les militaires eux-mêmes, le don de soi pour la mission est vu avec stoïcisme comme le risque (ultime) du métier des armes. Et ils laissent le plus souvent aux autres le soin de mettre des épithètes sur le courage des soldats. En particulier quand un hommage aux Invalides doit servir, au-delà de l'expression naturelle de la solidarité des soldats avec leurs frères d'armes tombés au feu, à alimenter le récit national d'un peuple réuni autour de ses héros. »
Débat national ?
Alors recueillement de rigueur mais aussi réflexion sur la présence militaire française au Sahel.
C’est la double articulation proposée par Le Courrier Picard : « au-delà de ces hommes et des phrases du type "Ils sont morts pour nous tous", il reste nécessaire, affirme le journal, de s’interroger sur cet engagement. Pour en réexpliquer les raisons à ceux qui n’en voient pas l’intérêt. Et rappeler aux autres que ce conflit s’installe "dans le temps long" selon tous les analystes, avec son cortège de souffrances à venir. Emmanuel Macron dit d’ailleurs vouloir réexaminer la stratégie des forces anti-djihadistes françaises au Sahel. [...] Agir en gendarme de l’Afrique de l’Ouest dans des pays souvent en pleine déliquescence politique, économique et sociale mérite un large débat national, estime encore Le Courrier Picard. Quitte à s’engager plus loin dans le désert, il convient de se doter d’une boussole et d’un cap, pour en sortir et éviter l’enlisement ou les sables mouvants… Se battre contre les jihadistes ne suffit déjà plus. Gagner, ce serait créer les conditions pour qu’ils ne prospèrent pas plus, puis reculent. Ce qui n’est plus le boulot des militaires ! Mais un choix politique expliqué, une volonté assumée et un engagement long et coûteux, au Sahel mais aussi en France ! »
Ces soldats maliens privés d’hommages…
Et puis on revient à Libération qui s’attarde sur ces morts au Sahel dont on ne parle pas…
« Depuis le déclenchement de la guerre dans le nord du pays, en 2012, rappelle le journal, des centaines de soldats maliens ont été tués dans des affrontements, des embuscades, des attentats à la voiture piégée, des explosions de mines, des assassinats ciblés. Aucune liste officielle n’a été rendue publique, leurs noms n’ont pas été gravés dans la pierre d’un mémorial. Des brèves dans les journaux et des communiqués du gouvernement annoncent presque chaque semaine de nouveaux bilans, invérifiables. Des nombres anonymes. »
L’envoyé spécial de Libération s’est rendu à Kati, à une quinzaine de km de Bamako : « aucune autre commune du Mali n’a payé un tribut si lourd à la guerre, relate-t-il. [...] Depuis l’indépendance du pays, la vieille ville-garnison est le creuset de l’armée nationale : "Quand une attaque se produit, dans le nord ou dans le centre, toute la ville est inquiète, s’agite, demande des nouvelles. Il y a toujours un Katois parmi les victimes, raconte Mamoudou, 59 ans. Et malgré tout, en période de recrutement, les volontaires sont là par milliers, la route est coupée tellement il y a de monde dans la file". »
L’Otan en plein doute existentiel
À la Une également, le 70e anniversaire de l’Otan… sur fond de crise et de divisions…
« Le sommet de l’Otan qui s’ouvre ce mardi près de Londres devait être un rendez-vous formel pour célébrer les 70 ans du traité de l’Atlantique Nord, signé à l’orée de la guerre froide afin d’assurer la sécurité du continent. L’anniversaire va se transformer en explication de texte, pointe Le Figaro. Après avoir proclamé la "mort cérébrale" de l’Alliance, Emmanuel Macron veut essayer de la réanimer. "Tous les membres de l’Otan ne regardent pas dans la même direction. Il est important d’avoir la même compréhension des menaces", plaide-t-on à l’Élysée. Outre les rudoiements possibles de Donald Trump, poursuit Le Figaro, les sujets de crispation se focalisent sur la Turquie : de l’offensive en Syrie contre les Kurdes à l’acquisition de missiles russes S-400, Ankara multiplie les provocations. Le président Erdogan a même bloqué un plan de défense pour la Pologne et les pays Baltes. Il s’en prend aussi directement à Macron, jugé en état de "mort cérébrale". »
Commentaire du Figaro : « attention au poison de la désunion. Ukraine, Syrie, antiterrorisme, cyberdéfense… les enjeux collectifs ne manquent pas. En revanche, l’étalage de ses désaccords finirait par être fatal à l’Otan. Ce serait alors au tour de Vladimir Poutine de triompher sans combattre. »
En tout cas, si « l’Otan en prend pour son grade en ce moment, ce n’est pas nouveau, s’exclament Les Dernières Nouvelles d’Alsace : depuis la fin de la guerre froide, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord traverse une crise existentielle marquée par quelques récurrents épisodes dépressifs. Ses actions (comme l’intervention en Libye en 2011) et surtout ses renoncements (dont celui de 2014 en Crimée n’est pas le moindre) interrogent. Le parapluie de l’Alliance a des fuites. Il apparaît moins fiable, trop coûteux et inadapté aux nouveaux enjeux géopolitiques. »
Revue de presse française - À la Une: J-3 pour la grève
Une grève qui « sera massive », pronostique Libération. Et « le gouvernement ne fait rien pour minimiser l’ampleur de la menace. Bien au contraire, pointe le journal : au risque de laisser paraître une certaine fébrilité, il multiplie les réunions de crise pour préparer le pays au choc du 5 décembre. De quoi convaincre ceux qui en doutaient encore que la bataille qui s’engage porte bien sur 'la mère de toutes les réformes', celle qui pourrait décider du succès ou de l’échec du quinquennat d’Emmanuel Macron. »
En fait, analyse Libération, « si Emmanuel Macron avait voulu provoquer la mobilisation sociale du 5 décembre et des jours suivants, il ne s’y serait pas pris autrement. Depuis la fin août et ses atermoiements sur l’âge pivot, la durée de cotisation, la clause du grand-père puis celle du père, plus personne ne comprend rien à cette réforme des retraites présentée comme le temps fort de ce quinquennat. »
Qui plus est, poursuit le journal, les leaders syndicaux sont remontés comme des pendules… « Humiliés par un chef de l’État qui, pendant les seize premiers mois de son mandat, ne voyait pas l’intérêt de les prendre en considération, les leaders syndicaux ont une revanche à prendre, pointe Libération, et notamment Philippe Martinez, le leader de la CGT, dont les dernières mobilisations n’ont guère été un succès et qui s’est fait doubler par le mouvement des « gilets jaunes ». L’exécutif a même réussi la prouesse de se mettre à dos Laurent Berger, le patron de la CFDT, grand partisan de la réforme des retraites ! Enfin, l’ensemble du climat social est détestable, de nombreux secteurs clés se montrant sous tension, à commencer par celui des hôpitaux. »
Pour autant, Emmanuel Macron ne devra pas « se dérober », estime Le Figaro. « Il lui faudra tenir. » Car, poursuit le journal, « qu’il soit à points ou non, le prochain régime des retraites doit être juste et équilibré. La justice consiste à abolir les privilèges des régimes spéciaux que payent (8 milliards par an !) ceux qui n’en bénéficient pas. L’équilibre impose de sortir du déficit notre régime de retraites pour qu’il ne pèse pas sur nos enfants. La solution est connue, pointe Le Figaro : repousser l’âge légal de départ ou étendre la durée de cotisation. C’est la matrice : sans elle plus de véritable réforme mais un trompe-l’œil, un simulacre… »
Oui à quelle réforme ?
Reste que les Français ne sont pas à une contradiction près, relève L’Est Républicain : en effet, « les Français sont, majoritairement favorables à une révision du système des retraites. Ce qui ne les empêche pas de considérer que le mouvement de grève de jeudi prochain est justifié. Résultat : syndicats et gouvernement peuvent se targuer l’un comme l’autre d’aller dans le sens de l’opinion. »
« Simplifions, résume L’Éclair des Pyrénées : dans le sondage IFOP-JDD d’hier, 76 % des Français soutiennent donc un mouvement qui s’oppose à une réforme qu’ils souhaitent… C’est l’un des symptômes de ce grand n’importe quoi, déplore le journal, qui, à force de tout confondre, menace la France. »
L’Humanité, pour sa part, retient l’autre grand chiffre de ce sondage : « les Français ne sont pas dupes : 64 % ne font pas confiance à Emmanuel Macron pour changer le système de retraites. 'Nous n’échouerons pas, la réforme se fera', s'avance pourtant Gérald Darmanin, dont l’arrogance cache mal l’inquiétude de la majorité qui sent le pays se lever. »
En fait, estime Nice-Matin, « les Français veulent bien d’une réforme des retraites, mais pas comme cela, ou pas maintenant. En réalité, le mouvement du décembre est un révélateur de la situation des forces politiques d’aujourd’hui. »
Le ressentiment envers Macron
Et finalement, ce qui anime les protestataires, relève Ouest France, c’est « le ressentiment à l’encontre du pouvoir, cristallisé autour de la personne d’Emmanuel Macron (…). Cette mécanique-là a assez peu à voir avec les enjeux de la réforme des retraites, l’intérêt général ou la solidarité entre les générations, mais elle peut s’imposer tant la défiance, les divisions et les crispations sont grandes. C’est cette convergence des colères - bien plus que des luttes - qui menace, estime encore Ouest France. Un mouvement qui ne prendra pas forcément corps le 5, une journée que les syndicats ont tout intérêt à encadrer et maîtriser. C’est autour du jour d’après, de la suite du mouvement, que tout va se jouer. La France n’a pas envie de revivre le chaos de l’an dernier, mais elle sait que le moindre incident suffirait à faire repartir notre 'société éruptive'. Le gouvernement le sait. Et c’est de cela que nous devrions tous nous inquiéter. »
L’hommage aux 13 soldats tués au Mali
À la Une également, ce lundi l’hommage de la nation aux 13 soldats morts au Mali lundi dernier…
« L’hommage aux héros », s’exclame L’Union en première page. « Des militaires qui meurent pour leur pays ne sont pas des victimes, mais des héros. Ils ont choisi librement, par amour de la France et des valeurs qu’elle incarne dans le monde, d’accepter de donner jusqu’à leur vie pour qu’elles ne soient pas ternies, abîmées, éreintées. L’accomplissement du devoir sacré de la mission au service des armes de son pays est d’une redoutable exigence. »
« En cette journée de lundi, renchérit La Croix, la France va rendre hommage aux 13 soldats morts au Mali (…). Au même moment, le Royaume-Uni pleure les victimes d’une attaque au couteau qui a fait trois morts, dont l’assaillant, vendredi à Londres. Cette triste coïncidence souligne à quel point le combat contre le terrorisme islamiste à l’échelle de toute l’Europe n’est pas près de prendre fin. (…) Les armes les plus efficaces face à ce danger sont le courage et la cohésion. »
Une nouvelle COP… pour quoi faire ?
Enfin, le coup d’envoi de la COP 25 à Madrid…
« Initialement prévue au Brésil puis au Chili, la 25e Conférence des Nations unies sur le changement climatique s’ouvre finalement ce lundi à Madrid, pointe Libération. Les discussions entre Etats devraient majoritairement porter sur des aspects techniques, avant le crucial sommet de Glasgow de 2020. »
En effet, précise Libé, « très attendue, la COP 26 sera le premier grand rendez-vous dans le cycle onusien depuis la signature de l’accord de Paris. Les États volontaires y sont appelés à présenter de nouvelles 'contributions nationales', plus ambitieuses. Pour l’instant, seuls 68 pays sur les 197 membres de la Convention cadre des Nations unies s’y sont engagés. Pas l’Union européenne. Selon un brouillon du texte obtenu par Libération, le 'Green Deal européen', promis par la nouvelle présidente de la Commission, ne prévoit pas de rehausser l’an prochain les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030. Ursula von der Leyen se protégera des critiques en invoquant une Europe censée afficher une neutralité carbone d’ici 2050. »
Commentaire des Dernières Nouvelles d’Alsace : « le cycle des COP s’apparente de plus en plus à un défilé de faux nez. Les gouvernants lèvent les bras au ciel, ou restent à la maison. Les activistes agitent les statistiques les plus alarmantes. Et tout cela devient le spectacle médiatisé d’une reconnaissance de la nécessité d’agir. »
Revue de presse française - À la Une: les retraites, la réforme qui divise les Français
Le compte à rebours est enclenché en France avant la grève du 5 décembre. C’est au grand complet que, de 16 heures à 22 heures ce dimanche, le gouvernement va se retrouver à l’hôtel Matignon, siège de la Primature à Paris, pour un nouveau séminaire dédié à sa réforme des retraites qui menace de paralyser la France à partir de jeudi.
Si le pouvoir exécutif français « surjoue » ainsi la « mobilisation », c’est pour « afficher un pack gouvernemental sur le pont », explique Le Parisien Dimanche. Et ce matin, le ministre de l’Action et des comptes publics donne le ton. Dans Le Journal du dimanche, Gérald Darmanin déclare que le gouvernement est en train de « sauver nos retraites et celles de nos enfants ».
Le ministre ne voudrait pas d’une « prise en otage des usagers ». Sauf que, cette grève, les Français, globalement la soutiennent. Selon un sondage Ifop pour Le JDD, elle a la sympathie d'une majorité de 46% des sondés, 33% y étant opposés ou hostiles et 21% indifférents.
À grands traits, selon cette enquête, trois sondés sur quatre se disent en revanche « favorables » à une réforme du système de retraites, contre un sur quatre qui y est défavorable, et quatre sur dix se disent favorables au maintien des régimes spéciaux de retraite. Toutefois, deux sondés sur trois « ne font pas confiance » à Emmanuel Macron comme au gouvernement d'Édouard Philippe pour la mener.
Fractures françaises
À partir de jeudi, donc, ce sera la grève tant redoutée. Laquelle, au-delà de la seule question des retraites, témoigne aussi des fractures françaises. C’est ce que souligne magistralement l’hebdomadaire L’Express avec « l’entretien que vous devez lire », lance en Une ce magazine.
Cet entretien de haute tenue, c’est un face-à-face entre le politologue Jérôme Fourquet, auteur de L’Archipel français (Seuil) et l’écrivain Nicolas Mathieu, Prix Goncourt 2018 avec son roman Leurs enfants après eux (Actes Sud), livre dans lequel de nombreux lecteurs ont discerné les prémices du mouvement des « gilets jaunes ».
Visionnaire, Nicolas Mathieu ? Ce roman, déjà, en avait convaincu plus d’un à ce sujet. En lisant ce qui suit durant cet entretien publié par L’Express, les derniers doutes sont levés. Ainsi, évoquant les gens qui sont en bas de l’échelle sociale, cet écrivain explique qu’ils ont le sentiment « que leur monde se rétrécit, que les possibles se restreignent. Et puis que pour leurs enfants, ce ne sera pas forcément mieux, quoi qu’ils fassent. Alors ça c’est de la dynamite, politiquement », prévient le prix Goncourt de l’an dernier.
Dit comme ça, cela vous paraîtra peut-être évident, mais, pointe encore Nicolas Mathieu, cela, les « 30 % de Français bien dans le monde tel qu’il est »ne le comprennent pas. Dans leur monde,« prétendument éclairé, martèle-t-il, un mot revient sans cesse : "pédagogie". "Il faut faire de la pédagogie". Car si les 70 % restants insistent pour défendre leurs intérêts malgré tout, c’est uniquement parce qu’ils n’ont pas compris ! », remarque Nicolas Mathieu dans L’Express.
Macron rallume la lutte des classes
Même constat de Jérôme Fourquet. Le sociologue ne dit pas autre chose, qui trouve dans cette incompréhension une accentuation de ce qu’il appelle la « fracture monstrueuse » de la population en France. Pour Jérôme Fourquet, Macron a, en quelque sorte, « réactivé le clivage de classes, même involontairement ».
Bayrou rattrapé par les arrière-cuisines du MoDem
Jeudi, donc, ce sera le début de la grève en France. Et le lendemain, ce sera la mise en examen de François Bayrou. Selon Le Journal du Dimanche, son sort « paraît scellé ». Cet hebdomadaire annonce que François Bayrou, président du parti centriste MoDem « devrait être mis en examen vendredi » dans l’enquête sur des soupçons de détournement de fonds publics de son parti au détriment du Parlement européen.
La France solitaire au Sahel
C’est demain, aux Invalides à Paris, que sera rendu l’hommage national aux treize soldats français morts lundi dernier au Mali. « Ils ont fait le sacrifice ultime », lance Paris-Match. Cet hebdomadaire, qui publie les photos des 13 militaires tués dans la collision des deux hélicoptères au Mali.
« Bien sûr, c’est la France qui est en guerre contre le terrorisme et l’obscurantisme menaçant sans cesse, énonce Le Parisienweek-end. C’est l’armée française qui est déployée au Mali, au Burkina Faso et au Niger sous le pavillon de l’opération Barkhane. Mais, derrière le drapeau tricolore qui flotte sur les blindés dans le désert, il y a d’abord des hommes, et ce sont eux qu’il nous faut saluer. Et remercier sans cesse pour leur courage, souligne ce magazine. Ce sont eux qui se battent et combattent jusqu’à y laisser la vie (…) des soldats morts pour la France, mais aussi pour nos valeurs démocratiques, insiste cette hebdomadaire. Car il s’agit bien de cela, faire la guerre à ceux qui entendent imposer l’obscurantisme ».
Reste que, dans ce combat, la France est bien seule. Dans Le JDD, la ministre des Armées Florence Parly, ce matin, souhaite la présence au Sahel de « plus d’Européens ». Mais Le Figaro Magazine, au sujet des Allemands, à son explication : « l’Allemagne ne financera pas les expéditions militaires françaises qu’elle juge coloniales », bucheronne Le Fig Mag.
Guy Savoy, le grand chef
L’hebdomadaire Les Echos week-end révèle la liste des 1 000 meilleures tables du monde. Et c’est un restaurant français qui, pour la quatrième année consécutive, est champion du monde : Guy Savoy Monnaie de Paris, devant Le Bernardin à New York. En troisième et quatrième position, deux restaurants à Tokyo, le Nihonryori Ryugin et le Sugalabo.
Selon ce classement, il est vrai, 120 et 1 000 meilleurs restaurants du monde sont français et 148 sont japonais. Est dans ce hit-parade de la grande cuisine, l’on trouve aussi un restaurant africain, Le Mosaic, à Pretoria, en Afrique du Sud. Gare à la gourmandise !