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  • Artculture, la fonderie d’art de Noufou Sissao et Moussa Ouattara
    Pendant la 42e édition des Journées européennes du patrimoine, des lieux magiques, dont certains sont habituellement fermés, ouvrent leurs portes. L’atelier Fonderie ArtCulture de Noufou Sissao et Moussa Ouattara participe à cet évènement. Cette mise en lumière sur l’activité de fonderie d’art à la cire perdue permet à Noufou Sissao, artiste sculpteur-fondeur reconnu, de faire connaitre ses méthodes ancestrales et les technologies modernes qu’il utilise pour réaliser des œuvres d’art. Noufou Sissao est un autodidacte qui a baigné dans les connexions interculturelles. Toutes ses expériences ont enrichi son parcours artistique. Nous sommes allés à sa rencontre dans son atelier en région parisienne.   La création, c'est une continuité. Les créations de mes premières sculptures, quand j'avais 17-18 ans, quand je les regarde aujourd'hui, par rapport à ce que je fais, c'est une continuité de la vie. Pour Noufou Sissao, sculpteur fondeur et co-fondateur de la Fonderie ArtCulture, « la culture n'a pas de frontière ». Il est né au Burkina Faso. Très jeune, il a commencé sa carrière dans le théâtre et le cinéma en tant que décorateur. « Entre huit et douze ans, j'étais dans mon village de naissance. Moi, j'aimais la sculpture. Mon rapport de l'enfance était avec le feu. Je voyais le feu, mais je n'avais pas le droit d'exercer ce métier de forgeron de par mon ethnie, dans le village. J'étais dans le quartier des nobles et les nobles n'avaient pas le droit d’être forgeron. Je n'ai pas eu la chance de faire ce métier. J'ai arrêté l'école en classe de troisième et je me suis dirigé dans le cinéma, parce que mon grand-oncle était un acteur fétiche de Peter Brook, le cinéaste, mon grand-oncle Sotigui Kouyaté, très connu dans le monde du cinéma et du théâtre européen et africain, vivait en Europe. Grâce à lui, je suis rentré dans le théâtre. Quand j'ai arrêté le théâtre, il fallait choisir quelque chose qui me plaisait. Le fait d'avoir été interdit dans ce métier m’a conduit à demander, par le biais de mes connaissances, à continuer dans ce métier du feu et je ne voulais pas faire de la forge, forcément. J'ai choisi la sculpture parce que le travail de sculpteur et le travail sur les décors étaient beaucoup plus propices à faire la sculpture. » Il découvre sa passion pour la sculpture et la fonderie au cours de son enfance avec un attachement particulier pour la technique de la cire perdue. « La cire, cela me renvoie à l'enfance. Cette matière qui a un rapport avec le feu. Quand je rentre dans l'atelier, l'odeur de la cire, c'est l'envie d'avoir le rapport avec une matière, avec le feu. C'est cela qui me plaît beaucoup. À chaque fois qu'il y a une nouvelle naissance d'une œuvre, je pense à la cire. C'est une matière dont je ne peux pas m'en passer. C'est pour cela que nous disons "fonte à la cire perdue". Sans la cire, nous ne pouvons rien faire. » Après avoir enseigné le modelage à Paris Atelier et œuvré dans ce secteur, notamment de nombreuses années à la Fonderie Clémenti, Noufou Sissao crée donc en 2017 avec Moussa Ouattara la Fonderie ArtCulture. « Lorsque je suis arrivé, je faisais la navette entre l'Afrique et la France. Puis, je me suis installé en 2007 en France en tant que fondeur d'art. À ce moment-là, j’ai découvert que le métier de sculpteur n’était pas celui de fondeur. Cela m’a sidéré. Pour moi, le sculpteur, il fond, il crée tout. » « Après mon installation, je me suis rendu au Musée du quai Branly afin de découvrir l'art africain que je n'avais jamais vu. C'est un moment qui est resté dans ma mémoire. J'ai été impressionné, et cela m’a encore plus motivé à suivre mon chemin artistique et à être au service des artistes par le biais de la fonderie. » Le processus de création d'œuvres d'art en bronze et les techniques de fonderie, notamment à la cire perdue, illustrent un savoir-faire technique et artisanal en plusieurs étapes. « Un : le moule silicone ; deux : la cire ; trois : le moule de potée ; quatre : la fusion du métal pour couler dans la pièce ; cinq : la ciselure de l'œuvre complète et enfin six : la patine. C’est plusieurs personnes qui travaillent sur une pièce par rapport à la technique ancestrale africaine, où c'est une seule personne qui fait tout le procédé. Ici, nous sommes polyvalents. Joël va faire le moulage, Didier et Pascal, eux, font la ciselure, Karim et Abou le moulage, moule de potée. Moussa lui fait essentiellement la cire. Moi, ma partie essentielle dans la fonderie, c'est la patine, plus précisément la finition de la patine sur l'œuvre. Enfin, tout le monde se rejoint pour la coulée. » Que ce soit pour des projets personnels ou pour répondre à des commandes, la réflexion sur la création artistique, la recherche de l'expression personnelle sont les défis auxquels se confrontent Noufou Sissao et son équipe. Afin de promouvoir et soutenir la création artistique, il propose des solutions sur mesure. Il met à la disposition des artistes son savoir-faire et son expertise à chaque étape de la création. « Pour l’entreprise, décrit-il, on est au service des artistes. Les artistes nous apportent leurs projets, avec leurs modèles. Nous, on regarde ce modèle, on estime le temps de travail et la prestation qu'il faut pour l'œuvre. Une fois que nous sommes tous en accord, on entame la technique de procédure de la fonderie d'art. Pendant les Jeux olympiques, nous avons rénové, place de la Concorde, douze bronzes à patiner sur place. Cela a été une de nos plus grandes réalisations. Pendant un mois et demi, avec nos chalumeaux, nous avons patiné les bronzes afin qu’ils soient parfaits pour cette période. On travaille également pour des mairies : pour la ville de Dourdan, on a réalisé le buste de De Gaulle qui se situe dans la mairie de cette dernière. D’un autre côté, lorsque l’on travaille pour un artiste contemporain dont la création n'a rien à voir avec les sculptures du passé, cela nous permet de donner de l'avenir à notre métier (notamment avec les tirages imprimante 3D). Aujourd'hui, on travaille, on collabore avec des entreprises qui nous apportent des modèles à partir des tirages imprimante 3D. On travaille également pour des designers, pour l'immobilier et pour certaines boutiques parisiennes. » L'amour du travail, du feu, de la cire et du bronze symbolisent le parcours de Noufou Sissao et sa connexion à l'art.« C'est très difficile d’alterner entre la gestion de la vie de l'entreprise et la création. J'ai du mal à me concentrer. Pour moi, les plus beaux moments de ma créativité ont été les moments où j'avais une liberté totale de faire à 2 ou 3 heures du matin une œuvre. Celles créées durant ces moments-là ont vraiment donné de beaux résultats. Maintenant, avec la vie de l'entreprise, je me donne d'autres moments pour cela. Plus tard, je pourrai m'investir dans la vision de différents projets, les faire naître. Ce qui est le plus important, c'est de garder le métier avant de penser à soi-même pour le moment. » ► Abonnez-vous à 100% création 100% création est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts :  Pure radio | Apple Podcast | Castbox | Deezer | Google Podcast | Podcast Addict | Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création | ​​​​​​​Facebook 100% Création-RFI
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  • Sur le fil de la tôle, Didier Ahadji, artiste soudeur et sculpteur togolais
    Didier Ahadji est un artiste togolais, sculpteur de métal. Il fait naître des sculptures à partir de tôles de voitures anciennes récupérées. Une démonstration saisissante d’économie circulaire, de maîtrise du métal et d’imagination. Cet artiste soudeur démontre que l’art peut naître du quotidien et du réemploi. Ses sculptures nous invitent à regarder autour de nous et à être attentifs aux interactions humaines comme autant de sujets universels. Nous avons rencontré Didier Ahadji dans son atelier à Lomé, au Togo, où il vit et travaille, poursuivant son engagement artistique empreint de sincérité, de poésie et de sensibilité sociale.    « Quand je rêve la nuit, je crée des choses, grâce à mon imagination. Je me lève pour dessiner, pour écrire quelque chose. Ensuite, le matin lorsque je viens au travail, je vais commencer la création. »  Didier Ahadji artiste soudeur togolais, sculpteur de métal.  « Un jour, j’ai espéré que les gens s’intéressent à ce que je faisais. » Dès son enfance, Didier Ahadji fabrique des jouets en fer pour lui et ses amis.   « Durant mon enfance, c'est tout le temps ce que j'étais en train de faire. J’ai commencé avec des boîtes de conserves de tomate, de sardines. C'est dans mon sang, j’ai toujours aimé cela », raconte-t-il. Durant son adolescence, Didier Ahadji vend ses premières sculptures au grand marché de sa ville natale, Vogan. Jeune adulte, il travaille d’abord comme apprenti puis comme carrossier soudeur à Lomé. Après sa journée de travail, il s’installe dans la rue afin de vendre ses créations aux passants, essentiellement des touristes. C’est là que tout a commencé.  « Avant, j’exposais au bord de la route. Quand les gens passaient, ils regardaient. Il y a notamment un Européen qui passait souvent et qui était très intéressé. Il m’a énormément aidé. D’origine allemande, il expose à travers tout son pays. Après cela, j’ai longtemps travaillé avec Monsieur Ogawa. Lui aussi, il expose dans son pays natal, la Chine. Et enfin, monsieur Jean-Yves Augel a également collaboré avec moi, longuement. C'est pourquoi on m’a reconnu à travers le monde entier », explique-t-il. Cet artiste soudeur décide en 1994, à 24 ans, de se consacrer pleinement à la sculpture en utilisant principalement des matériaux recyclés tels que des bidons en tôle et des pièces de voiture. Découpe, soudure et peinture donnent naissance à des sculptures hyperréalistes mêlées de poésie et d’humour souvent inspirées de la vie quotidienne. La tôle de voitures anciennes est une matière première à la fois humble et précieuse. Ce matériel exige aussi une vraie maîtrise technique du métal pour devenir une scène, un décor, une histoire. « Ce qui se passe, c'est cela que je regarde lorsque je marche sur la route. Je regarde partout et notamment au marché. De même, lorsque je commence mon travail, j’imagine et je regarde. Avant, il y avait beaucoup de tôle, ce qui n’est plus le cas maintenant. Aujourd’hui, il est très difficile d’en trouver. Néanmoins, je me promène toujours pour en chercher. Je finirai par en trouver », explique-t-il. À travers les noms évocateurs de ses œuvres comme Déménagement à vélo, Revendeuse de pagnes ou encore Transport scolaire, Didier Ahadji porte un regard plein d’esprit et de sensibilité sur la condition humaine et les enjeux sociaux : « Les gens s’intéressent beaucoup aux choses qui se passent dans la vie quotidienne. Néanmoins, si le client vient avec sa propre idée, son rêve qu’il m’explique clairement, je peux aussi le faire. En coopérant avec lui, je lui fais le dessin au crayon ». Le processus de fabrication des œuvres de Didier Ahadji est rigoureux et pensé en plusieurs étapes. D’abord la découpe, ensuite la pose de mastic, puis le ponçage et l’application d’une peinture acrylique, et enfin le décor avec des motifs rappelant les vêtements des personnes représentées. Tout cela demande patience et précision, la sculpture n’est pas instantanée, elle est bâtie pas à pas. « Le processus de création entier d’une sculpture va prendre trois ou quatre semaines. On commence par faire le mastic, puis le ponçage, la peinture intérieure, la teinte, et enfin on va décorer la chemise ou bien le pantalon », confie-t-il. En parallèle de ses créations, Didier Ahadji n’a jamais cessé d’effectuer des travaux de carrosserie. Il a ainsi formé de nombreux apprentis. Toutefois, même si la diffusion du savoir demeure un enjeu et un défi, ses créations artistiques sont, selon Didier Ahadji, un don qu’il ne peut transmettre. « J’ai eu beaucoup d'apprentis, plus de 30 personnes. La plupart sont partis. Pour les sculptures, il a été difficile de léguer mes connaissances. Lorsque tu n'as pas de sagesse, de patience, que tu es avide d’argent, tu ne peux pas faire ce travail. C'est pourquoi cela s’est avéré très compliqué pour beaucoup d’apprentis et je n’ai pas voulu forcer. Seulement le travail de voiture a pu être transmis, j’ai un apprenti pour ce domaine », raconte-t-il. 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  • Muriel Blanc Duret, une artiste textile engagée dans le tissage
     Aujourd’hui, émerveillement, questionnement et appropriation avec Muriel Blanc Duret, une artiste textile spécialisée dans le tissage d’œuvres d’art uniques. Après une carrière dans le conseil et le management, elle procède à une reconversion vers le tissage et les tapis. Elle quitte son cadre habituel pour s’installer à Aubusson, mondialement connue comme la capitale de la tapisserie. Formée à la Cité de la Tapisserie et sur différents métiers jusqu’à maîtriser des techniques multiples, le parcours de Muriel Blanc Duret est celui d’une reconversion consciente et réfléchie guidée par le sens et la matière qui sont au cœur de sa pratique artisanale et artistique. Plus que la création, c'est la capacité de l'homme à créer qui m'intéresse. Je ne suis pas venu pour faire ce que d'autres font déjà très bien. Je suis venu pour explorer de nouveaux univers, de nouvelles possibilités, de dépasser de nouvelles contraintes, d'inventer peut être des choses, ou en tous cas dans la conjugaison des techniques d'inventer quelque chose qui me soit personnel, qui me soit propre et qui contribue aussi à ma signature. Muriel Blanc Duret, artiste textile et fondatrice de l’atelier Tributs. « J'ai pris la décision de changer d'orientation professionnelle et d'embrasser une nouvelle carrière, au mi-temps de ma vie. J'ai eu des rencontres qui ont été extraordinaires, qui m'ont facilité la vie. C'était un bilan qui me permettait de dire merci. J'ai pu faire ce que j'avais envie de faire, le dire et le déclarer avec le nom de marque qui est aujourd'hui le mien : c'est Tributs, donc, je paie mon tribut et je sais ce que je dois. Je me rappelle ce que je dois et à qui je le dois, sans être dans la vassalité. Mais sans oubli », précise-t-elle. Muriel Blanc Duret est née à Lyon, dans le sud-est de la France. Après ses études à Sciences Po Lyon et une année en marketing à Clermont-Ferrand, elle débute une carrière dans le conseil en architecture évènementielle, tertiaire et commerciale en tant que cadre dirigeant et consultante. À mi-parcours de vie, elle opère une reconversion vers le tissage et les tapis. Muriel Blanc Duret a ressenti le besoin d’une quête de sens après une vie professionnelle intense : « Comme beaucoup, j'étais un cadre débordé, proche de la rupture et il fallait absolument que je fasse autre chose sous peine de presque de mourir, c'est ce que je ressentais à ce moment-là. J'aimais beaucoup ma vie professionnelle, mais elle était devenue excessive donc dangereuse pour ma santé. J’ai, donc, entamé une réflexion et je suis allé chercher ce que j'aimais fondamentalement. J'aimais deux choses le tissage, plus précisément les tapis. Et puis j'aimais les mots et je me suis interrogé longtemps. Est-ce que je vais faire le choix des mots ? Et puis le tissage, c'était une folie. » « Finalement, il y a une histoire importante autour du tapis. Pendant 30 ans, j'ai arpenté la planète et je l'ai arpenté en priorité en partant vers l'est. En partant vers l'est, j'ai reçu une hospitalité que je ne pourrai jamais rendre. Cela a commencé en Europe centrale jusqu'à la chute du mur Berlin. Et puis avoir connu l'ouverture formidable des frontières de l'est, je n'ai jamais cessé d'aller vers l'est. Plus on va vers l'est, plus on croise des tapis, on rencontre les cultures du tapis. J'ai beaucoup vécu, mangé, dormi, fait connaissance sur les tapis. Quand je me suis questionné sur le tissage, finalement c'était une évidence que de faire des tapis, que de tisser des tapis pour rendre un petit peu ce que j'avais reçu. » Muriel Blanc Duret quitte peu à peu son ancien cadre de vie pour s’installer à Aubusson, où elle suit une formation à la Cité de la Tapisserie : « Je voulais une technique à forte valeur ajoutée parce que j'ai une vision business de mon projet. Dans la Creuse, il y avait de quoi me former, tout l'écosystème, toute la chaîne de valeur était là. Je suis parti en pleine pandémie, c'était un saut dans le vide et c'est resté un saut dans le vide. Aujourd'hui encore, je continue de me dire que c'est une folie. Mais j'aime vivre avec cette folie, c'est à dire la part d'étourdissement que cela me donne et qui est un étourdissement qui est sain par rapport à ce que je vivais précédemment, mais qui me minait petit à petit. J'ai utilisé mes droits à la formation en les complétant un petit peu, j'ai pu apprendre à tisser dans l'orthodoxie aubussonnaise pendant huit mois. Au terme des huit mois, j'ai pris la tangente tout de suite, dans un premier temps, en changeant de type de métier à tisser, parce qu'au niveau ergonomique, le métier aubussonnais ne me convenait pas particulièrement. J'ai réappris à tisser sur un métier vertical comme ceux de la manufacture des Gobelins. » « J'ai commencé à explorer toutes les techniques qui allaient me permettre d'arriver à la vision que je me faisais des tapis. Ce que j'avais appris Aubusson était une très bonne base, mais n'était pas suffisant. J'ai quêté de nouvelles techniques et aujourd'hui je conjugue de manière tout à fait singulière, et je pense tout à fait unique, un certain nombre de techniques : américaines, andines, macramé, qui me permettent d'arriver à mes fins. » Le travail de Muriel Blanc Duret est pensé pour des pièces volumineuses et conceptuelles. La laine locale est issue des filatures et ateliers proches d’Aubusson, avec une logique de circuit court. « En étant Aubusson, je fais avec ce qui est. Je fais avec la laine qui est filée à proximité. Nous avons la chance à Aubusson d'être à proximité de deux filatures, une qui me fournit un fil de qualité français costaud, qui n'a jamais trop été utilisé pour le tapis, mais quand j'ai démarré, j'ai fait des tests et cela fonctionnait. Je me fournis à Felletin, à une dizaine de kilomètres de mon atelier, donc le fil est disponible, c'est pratique. Les membres de la Filature, c'est une filature familiale, font partie de l'écosystème et en étant installés sur place, nous sommes peu nombreux finalement dans la Creuse, nous nous connaissons tous. Je les connais. Cela me fait plaisir aussi d'aller leur rendre visite. Et j'ai une autre source d'approvisionnement qui n'est pas la laine, ce sont les fins de cônes. Une fois qu'une pièce a été tissée, et cela peut être dans les grandes manufactures comme dans les ateliers plus modestes, soit les pelotes, les fins de cônes sont conservées, soit ils vont finir par prendre la poussière dans un coin. Moi, je les achète ou on me les donne dans le cadre de ma palette colorielle. Je fais donc avec ce que j'ai et je trouve cela plaisant, cela impose une certaine sobriété et on ne peut plus tendance pour le coup ! Mais je pense que c'est la vie dont j'avais besoin. Cette reconversion, elle répond à cela aussi, à me recentrer, à me réinscrire dans la terre. Je me sens pleinement bien dans le Massif central et réinstallé dans la Terre », raconte-t-elle. La pratique de cette artiste textile interroge l’époque et l’histoire : pouvoir, orgueil et dynamiques sociétales sont traduits en motifs et en langage visuel sur ses œuvres. « Ce qui m'intéresse, c'est la vie des hommes, la marche du monde. Le début du processus créatif, c’est un sujet. Une fois que j'ai déterminé et pris position par rapport à un sujet. Et, il y a énormément de sujets qui me préoccupent et en même temps que j'ai envie d'émerveiller un peu. Une fois que j'ai pris position, je vais rentrer dans un processus créatif assez classique, c'est-à-dire que je vais chercher la source qui va générer le graphisme de mes œuvres et de mes tissages. On peut prendre l'exemple de la tiare de Babel et qui est aussi significative à la fois de mon amour pour les mots, de mon amour pour le concept et du processus. La tiare de Babel parle de l'orgueil. L'orgueil aujourd'hui fait partie de ce qui met le monde en mouvement. J'observe celui de certains dirigeants, qu'ils soient politiques, qu'ils soient économiques. Il est inspiré par la tour de Babel, puisqu'on reprochait aux bâtisseurs de la Tour, de vouloir gagner les cieux et d'être orgueilleux de pouvoir le faire. Ce tapis est aussi inspiré de la tiare papale. Une petite tiare de Calder qui, comme la tiare papale, reprend trois niveaux. Je pose le sujet et j'observe que les autorités, quelles qu'elles soient, y compris religieuses, cherchent aussi à se hisser vers les cieux. Avec ces supports graphiques que je vais entremêler, avec les mots avec lesquels je vais jouer, parce que plutôt que de parler de la tour de Babel, je parle de la tiare de Babel. Je vais me servir de la proximité phonétique des mots pour à la fois donner un nom à mes pièces et leur donner une physionomie et une forme », explique-t-elle. Muriel Blanc Duret travaille avec d’autres artisans : tourneurs sur bois, tapissière, ateliers d’Aubusson et acteurs culturels afin que ses pièces prennent vie : « Je positionne mes tapis soit au sol, soit sur des rouleaux et quand ils deviennent des rouleaux, ils sont une promesse de l'histoire que chacun raconte et ils sont un peu plus énigmatiques. Ils ressemblent à des Torahs anciennes ou à des parchemins, des manuscrits enroulés sur des barres. Pour que ces tapis puissent exister sur les rouleaux, j'ai besoin d'un tourneur sur bois, donc, je travaille avec un tourneur dans la Creuse. Je travaille avec une tapissière qui a trouvé une bonne solution en positionnant des sangles sur les barres qui me permettent de solidariser les tapis avec les barres, de sorte qu'ils puissent tenir à la verticale. » « Et c'est la position que je leur souhaite quand ils ne sont pas déployés sur le sol. Je suis solitaire pendant une partie de mon travail et de toute manière, le tissage, c'est, je crois, une activité, un métier, un artisanat qui nécessite d'être seul, c'est-à-dire, je m'abîme dans tissage, il y a un moment où j'atteins cet état et je m'abandonne à tisser. À ce moment-là, c'est important d'être seul. Mais il est tout aussi important d'être impliqué dans l'écosystème et de profiter, dans le bon sens du terme, de toutes les ressources qui sont nombreuses dans la Creuse et qui m'aident à mettre en place mon projet. »   À travers Tributs, sa marque, Muriel Blanc Duret poursuit une voie artistique mêlant gravité et émerveillement, avec le temps indispensable, un impératif qu’elle s’est fixé à la production de chacune de ses œuvres. « Ce qui me plaît le plus dans mon métier, c'est le temps que je vais accorder à chacune de mes pièces. Il y a toujours des contraintes, bien sûr, mais c'est d'accepter que pour bien faire mon travail, et bien il faut y mettre le temps nécessaire et accepter le rythme aussi du tissage avec la technique de la tapisserie. La tapisserie, c'est un mètre carré par mois, à peu près. Et c'est aussi une folie. Je me disais au niveau économique, tu vas pouvoir faire très peu de pièces par an, mais en même temps, je trouve que c'est réjouissant et là aussi, cela me ramène à la terre, à du concret, cela m'éloigne de ce que j'ai vécu pendant 25 ans en tant que cadre responsable, avec une multitude de projets, en même temps, qui étaient passionnants et qui répondaient à des enjeux importants pour les clients et pour les entreprises pour lesquelles je travaillais. Mais comme beaucoup, j'ai probablement eu le sentiment de ne pas avoir la possibilité de bien faire et de ne pas respecter le rythme, de ne pas respecter le temps nécessaire à bien faire un projet. Ce que j'aime aujourd'hui, c'est de respecter le temps et de l'accueillir. De la même manière que je m'abandonne à tisser, c'est d'accueillir ce temps nécessaire à faire, tout simplement », estime-t-elle. 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  • Paul Laroche, un étudiant qui croit en l'artisanat d'art au Mobilier national [9-9]
    La série estivale de 100% Création consacrée aux métiers d’art du Mobilier national, se termine avec Paul Laroche. Ce jeune talent de l’atelier-école, prépare la relève de ces artisans d’art. Le Mobilier national propose, aussi à travers son École des arts textiles, des formations complètes sanctionnées par des diplômes de l’Éducation nationale (CAP et BMA, brevet des métiers d’art). Grâce à ces formations, les élèves acquièrent des compétences techniques en tissage : tapisserie de haute-lice, basse-lice, de savonnerie et en restauration de tapis et tapisserie. Cette formation longue et exigeante permet d’atteindre l’excellence dans ces métiers d’art, qui mêlent habileté manuelle, créativité et respect du patrimoine. Ce dernier épisode est consacré à Paul Laroche, étudiant BMA en basse-lice à l'École des arts textiles au Mobilier national. Un étudiant qui croit en l’avenir de l’artisanat. Globalement, j'aime créer. Je ne fais plus du tout de textile maintenant à côté parce que je n'ai plus besoin de beaucoup créer pour ne pas le montrer. Quand je crée, c'est pour offrir des cadeaux. « J’ai besoin de la création par cycle, explique Paul Laroche, étudiant BMA Haute-Lice. Il y a des moments où je ne vais rien faire pendant un mois et cela me va très bien. Il y a des moments où, j'ai envie de dessiner pendant une ou deux semaines, je ne vais faire que cela sur carnet, iPad. Dans un atelier, il y a de la productivité à avoir, une productivité que je ne suis pas obligé d'avoir dans ma création personnelle. » Né à Villeneuve-Saint-Georges, près de Paris, Paul Laroche, dès son jeune âge, manifeste un attrait pour les arts, notamment le dessin, la gravure et la typographie. Après un baccalauréat littéraire (bac L), il obtient un master en design typographique. Une fois ses études terminées, il exerce dans une petite société d’événementiel comme directeur artistique. Son envie de se reconvertir dans une profession manuelle s’est renforcée pendant la pandémie du Covid-19. Il se tourne vers un métier manuel et artisanal, plus proche de ses passions pour le dessin, la gravure, le bois, et le textile, et il s’engage dans une formation au métier de licier en tapisserie à École des Arts textiles au Mobilier national. « Je suis resté au chômage partiel plus longtemps que la moyenne des gens qui y sont restés pendant le Covid-19. J’ai eu le temps de réfléchir à ce que j'aimerais bien faire, parce que le métier de graphiste ne me plaisait plus. J'étais trop sur mon ordinateur, je ne retrouvais pas tout ce que je faisais à la main, que je faisais dans mes études : du dessin de lettres ou même juste de la peinture ou de la gravure. J'ai voulu retourner vers plus d’artisanal, plus de manuel. Je regardais aussi beaucoup tout ce qui était métiers du bois, parce que j'aime bien ce travail aussi, même à côté encore aujourd'hui. J'avais des amis qui étaient dans la formation. Je discute un peu avec eux. » « Puis, j'ai fait les journées portes ouvertes. Je m'intéressais déjà au textile, je faisais de la broderie, j'avais vu plusieurs expos, des tapisseries, à la Galerie des Gobelins. C'est un milieu qui m'intéressait, mais c'était un peu opaque parce que, en soi, le Mobilier national, on connaît tout ce qui est collection de meubles, restauration, tout ça, mais pas forcément les ateliers de création. Quand j’ai su qu'il y avait aussi des ateliers de création. C'est cela qui m'a aussi intéressé. » Pour sa candidature à la formation au métier de licier en tapisserie, Paul Laroche a préparé un dossier. « J'avais pas mal de linogravures, donc j'ai mis un peu de linogravure pour montrer que je maîtrisais mes mains, vu que c'était une formation textile. Je faisais un peu de broderie, donc je me suis mis à faire des pièces spécifiques pour les présenter. J’avais un petit métier de table chez moi, donc j'ai fait des échantillons de tapisseries et j'avais aussi montré des projets de typographie parce que je savais qu'il y avait quand même du dessin dans la formation. Dans le métier, plus tard, il faut avoir une main assez souple dans le trait de dessin, même quand on réalise des calques. Donc j'ai montré tout cela en dix minutes, j'ai distribué un peu à tout le monde tous mes échantillons au hasard. Le jury a posé des questions, mais j'avais bien préparé mes explications de techniques », raconte-t-il. Paul Laroche a choisi la tapisserie de basse-lice, c’est-à-dire sur un métier horizontal : « Contrairement à la haute-lice qui est un métier vertical, la basse-lice est un métier horizontal avec la chaîne qui se croise directement et qui se décroise en activant les pédales qui sont en bas. Cela s'appelle basse-lice parce que les lices sont attirées par les pédales qui attirent la chaîne, les lices sont vers le bas, d’où le nom basse-lice. Quand on lice, les lices sont en haut au-dessus de la tête du licier. Nous avons juste à faire un coup sur deux sur la pédale pour croiser la chaîne, et ensuite la flûte passe dans les chaînes. Notre fils dans les chaînes, on appelle cela une passe en basse-lice. Pour faire notre tissage, on fait un coup sur deux de la pédale et après on gratte, on tasse, cela fait notre trame. » Sa formation, d'une durée de quatre ans, a permis à Paul Laroche d'acquérir des savoir-faire techniques en tapisserie et de découvrir l'étendue de ce métier. Passionné par la technique du tissage, les couleurs et l'histoire de l'art appliquée au textile, Paul Laroche aime aussi la précision et la préparation rigoureuse que la tapisserie requiert, ainsi que le lien entre création et conservation patrimoniale : « Nous créons du patrimoine, mais nous le conservons en même temps, en conservant cette technique et en utilisant à peu près les mêmes outils qui étaient utilisés encore il y à cinq siècles. Adaptés et améliorés parce que maintenant, au Mobilier, nous ne sommes plus sur des métiers en bois, mais sur des métiers en fonte. Il y a tout ce côté patrimonial qui m'intéressait aussi. En entrant en création, j'étais plus intéressé par tout ce qui était création et moderne. La création d'aujourd'hui est le patrimoine de demain. » À la fin de sa formation, Paul Laroche veut passer et obtenir le concours d'entrée dans la fonction publique afin d'intégrer la manufacture de Beauvais ou celle des Gobelins. À savoir le Mobilier national. « Nous avons des épreuves d'histoire de l'art écrites et orales, une épreuve technique, écrite et orale aussi et des épreuves de dessin. Nous allons dessiner des pièces des collections, donc mobilier ou décoration. Il y aura aussi une épreuve étude de rythme, un exercice classique de dessin, à partir d’une œuvre nous devons faire un croquis avec des contrastes de lumière, un autre avec les lignes de force ainsi qu’une explication détaillée. Ensuite, il y aura une épreuve de cinq semaines de tissage à partir d’un échantillon d'une tapisserie qui a été tissée aux Gobelins, échelle une. Nous devrons le reproduire en cinq semaines de manière assez libre entre guillemets, comme à l'atelier où nous choisissons la technique, les mélanges de couleurs, etc… Les couleurs sont imposées pour nous faciliter la tâche, mais assez libres. Cela reste assez sportif de finir un échantillon de 40 sur 40 en cinq semaines avec la pression du concours. Puis, après le concours, en fonction des besoins des ateliers, c'est forcément intégré vu que je suis en basse-lice à la manufacture de Beauvais, donc soit Beauvais Ville, soit Beauvais Paris. » Abonnez-vous à « 100% création »  « 100% création » est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté.  Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI.
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  • Sandrine Bandeira et les secrets de la garniture contemporaine au Mobilier national [8-9]
    100% Création poursuit sa série été consacrée aux métiers d'art du Mobilier national, en neuf épisodes. L'atelier restauration mobilier contemporain de l'établissement public dédié aux arts décoratifs joue un rôle essentiel dans la conservation des meubles contemporains en assurant leur entretien, leur restauration et leur mise en valeur dans des lieux emblématiques comme l'Élysée ou les ministères.   Cet épisode est consacré à Sandrine Bandeira, tapissière d'ameublement à l'atelier restauration mobilier contemporain. Avec patience et expertise, son travail, discret mais essentiel, témoigne de son attachement au patrimoine français et conjugue le passé et le futur. « Nous avons de grands ateliers lumineux, expose-t-elle. Nous travaillons avec du beau textile fabriqué en France. Nous y faisons attention, c'est important de travailler avec de beaux matériaux. Au bout d'un an au Mobilier national, j'ai travaillé avec Pierre Paulin, un designer. C'est un souvenir qui m'a marqué. C'était le premier avec qui j'ai travaillé. Cela étant, j'ai eu Pierre Bocher, Noé Duchaufour-Lawrance, j'ai travaillé pour le Palais de l'Élysée... Nous allons dans des lieux superbes, des ministères, des lieux importants pour la France. Les premières fois, je me suis dit "je suis quand même au palais de l'Élysée !". Mais maintenant, je connais les lieux par cœur. » Née à Châteaubriant près de Nantes, à l'ouest de la France, Sandrine Bandeira, dès son plus jeune âge, s'est intéressée au métier de tapissier d'ameublement, notamment grâce à une famille de menuisiers, et à la décoration d'intérieur. Elle débute sa formation par un CAP en tapisserie d'ameublement, suivi d'un brevet technique en garniture du siège effectué en alternance. Elle découvre le Mobilier national grâce à des documentaires. « Des reportages que je voyais à la télévision, et je me disais ''pourquoi pas un jour travailler dans cet institut'', retrace-t-elle. Par le biais de la famille qui était à Paris, j'ai pu passer le concours. Je l'ai eu et je suis arrivée dans cet atelier de restauration de sièges contemporains. Au départ, c'était pour faire la restauration de sièges traditionnels en garniture, comme je l'ai appris. Ensuite, il y a eu une place dans cet atelier qui venait d'être créé par Nathalie Célas. Il y avait un besoin de restauration de sièges contemporains, donc elle m'a pris dans son équipe. Maintenant, je restaure les sièges contemporains, quand on dit ''contemporain'', c'est en mousse. » Après plusieurs années d'expérience en artisanat et en industrie, elle rejoint le Mobilier national en 2007. Ici, le mobilier contemporain est déterminé par rapport à la garniture. Pour la période traditionnelle de tapisserie, la garniture est en crin d'animal ; pour la période contemporaine, la garniture est en mousse. Tout ce qui est garni en mousse passe donc par l'atelier dans lequel travaille Sandrine Bandeira, où il faut avoir de la curiosité pour de nouvelles matières. « Même en maîtrisant la mousse, il y en a différentes, avec des façons différentes de poser, fixer. Et c'est cela qui est intéressant, parce que finalement, cela change, explique la tapissière. Un siège traditionnel, il y a des étapes qui ne changent pas, c'est toujours le sanglage, le guindage, la mise en crin. Alors qu'avec la mousse, cela peut être d'autres façons de faire. Il faut toujours jours réfléchir, regarder l'objet terminé avant de le commencer. Il faut avoir l'image de la forme finale en mousse. Alors que le traditionnel, ce sont toujours les mêmes étapes. Bien sûr, il ne faut pas changer l'aspect du siège, trouver des solutions pour rester dans le même modèle que le designer ou l'artiste a dessiné. Rester dans son idée, donc à nous de nous adapter. »   À la réception du mobilier, il y a plusieurs étapes que Sandrine Bandeira renseigne, en détail, dans un document. « Dans un dossier de restauration, nous allons mettre la photo d'avant la restauration dans l'atelier, détaille-t-elle. Tous les sièges ont un numéro d'inventaire – par exemple GMT pour Garde Meuble Tapissier –. Avec un numéro, nous mettons la date du début de la restauration et la date de fin. Comme cela, nous savons combien de temps nous avons passé pour le restaurer. Nous indiquons aussi l'état du textile, de la garniture, s'il y a des rayures, les matériaux à utiliser, les sangles, le tissu et sa référence, le jersey, la couleur, le fil utilisé... Si par exemple sur un siège, sur la housse, il y a une surpiqûre, une couture apparente, la couleur sera indiquée, et la mesure du point pour refaire à l'identique. Ensuite, nous mettons les étapes ​​​​​​​: le dégarnissage avec des photos d'illustration, la réalisation, des petits échantillons du tissu, du jersey. Et enfin, nous mettons une photo de la restauration terminée. »  La maîtrise des techniques traditionnelles de tapisserie d'ameublement associée à la capacité à intégrer les innovations technologiques, ainsi que des outils adaptés aux sièges contemporains, sont nécessaires à l'exercice du métier de Sandrine Bandeira. «​​​​​​​​​​​​​​ ​​​​​​​Pour donner la forme, nous utilisons des scies à mousse, indique-t-elle. C'est une sorte de couteau électrique. Souvent, les assises, ce sont des mousses fermes et un peu plus souples au niveau du dossier. Les mousses arrivent en bloc. Nous faisons donc différentes coupes au plus près de nos repères. Cela nous arrive de brosser la mousse pour vraiment donner une forme. Ensuite, il y a de la ouate et le jersey. Dans le traditionnel, le siège est mis en blanc. Dans le contemporain, nous ne mettons pas une toile blanche, mais du jersey qui peut être gris. Il faut donner la forme finale avant de poser le tissu. Nous ne mettons pas le tissu directement sur la mousse. »  Passionnée par la restauration de sièges contemporains, Sandrine Bandeira a collaboré avec des designers de renom comme Pierre Paulin à ses débuts au Mobilier national, et aujourd'hui, elle participe à la restauration du salon crée par le designer français : « Sur un mobilier comme le canapé Paulin que nous allons restaurer cette année, nous allons consulter les photos, quelques documents à l'atelier de recherche et création, expose-t-elle. Nous nous documentons avec les livres, et puis, nous allons dégarnir, garder le tissu pour voir la quantité qu'il faut. C'est dans le dégarnissage que nous allons apprendre des choses pour commander le cuir. Ici, c'est du cuir retourné. C'est une entreprise extérieure qui est venue pour son expertise sur le cuir. Nous avons échangé pour savoir ce qui pourrait ressembler le plus possible à ce qui était d'origine, retrouver les couleurs, parce qu'il y a eu des nettoyages, des tâches… Au dégarnissage, nous avons vu que la structure en métal était rouillée. C'était la colle néoprène utilisée à l'époque. Aujourd'hui, nous pouvons trouver d'autres moyens avec d'autres colles pour fixer la mousse. La structure doit être nettoyée à l'extérieur. Tout ce qui est structure, nous n'y touchons pas. S'il y a du bois, il y a un atelier au mobilier national qui peut le restaurer. Nous allons faire un dessin, un plan de coupe au niveau de la mousse, au niveau du tissu, tous les matériaux dont nous avons besoin, puis faire des gabarits. Nous travaillons avec l'atelier qui est à côté, l'atelier des tapissières pour faire les housses. Tout ce qui est couture, à la machine ou à la main, est réalisé par les tapissières. »   La veille technologique et la transmission du savoir-faire aux générations futures font également partie intégrante des missions de Sandrine Bandeira afin de maintenir l'excellence française dans le domaine du mobilier d'art. «​​​​​​​​​​​​​​ Je commence à transmettre, livre-t-elle. Dans notre équipe, le plus jeune, c'est Alexandre. À l'origine, il n'est pas tapissier, mais après avoir passé son examen tapissier d'ameublement, comme moi, il est passé par le traditionnel avant d'arriver au contemporain. Il y a donc beaucoup de choses que je lui transmets parce que lui, il a vraiment vu tout ce qui était garniture des sièges. Mais il faut plus que deux ans de formation pour connaître les techniques, les outils à utiliser. Avec Nathalie, nous lui transmettons le savoir-faire du tapissier d'ameublement. Il apprend très vite. Tout le monde a des méthodes différentes. Moi, j'ai appris dans le privé. Puis, quand je suis arrivée ici, il y avait d'autres méthodes. Au début, il faut écouter ceux qui ont l'expérience. Après, avec les années, nous aussi, nous commençons à avoir l'expérience et à choisir la façon avec laquelle nous sommes le plus à l'aise pour travailler. »   Abonnez-vous à 100% création 100% création est disponible à l'écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast, Castbox,  Deezer, Podcast Addict, Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.   Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% Création Facebook 100% Création-RFI         
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Mode, accessoires, décoration, stylisme, design. Dans la chronique 100 % création de Maria Afonso, RFI vous fait découvrir l’univers de créateurs. Venez écouter leur histoire, leur parcours, leurs influences, leur idée de la mode chaque dimanche à 04h53, 6h55 et 12h54 TU vers toutes cibles. 
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