L’artisanat d'art, une identité à préserver et à partager par Stéphane Galerneau
Stéphane Galerneau est un créatif dans l'âme. Cet architecte d'intérieur, designer et depuis 2022, président d'Ateliers d'art de France, syndicat professionnel des métiers d'art, est un passionné. Son parcours mêle création, gestion d'entreprise et engagement. Il œuvre pour valoriser la qualité, la transmission et la reconnaissance des artisans d'art tout en développant des événements internationaux comme le salon Révélations. La septième édition de cette biennale a lieu jusqu'à ce soir au Grand Palais à Paris. Après le Québec, le continent africain et le Luxembourg, c'est l'Italie qui est mise à l'honneur cette année. Cet événement international rassemble 550 artisans d'art de 35 pays. « Je crois qu'il faut être honnête avec le moment où nous nous faisons plaisir, où nous créons, nous laissons agir le cerveau, la main. Si nous sommes honnêtes avec nous-même et si nous gardons notre fil conducteur de pensée, cela suit son cours. C'est les gens qui s'adaptent à vos créations ! Ce n’est pas à vous de vous adapter aux demandes du marché », explique Stéphane Galerneau, fondeur d’art et président du syndicat professionnel Atelier d’Art de France.« Il n'y a pas d'équivalent d'Ateliers d'Art de France, nulle part dans le monde, un syndicat indépendant grâce au salon Maison & Objet, cela nous permet d'avoir une indépendance financière et politique avec l'ensemble des corps de métiers. Nous nous occupons vraiment de nos adhérents et non-adhérents aussi. L'équivalent n'existe pas, par contre, il y a d'autres pays qui ont des organismes spécifiques qui s'occupent aussi de l'artisanat, soit au niveau du ministère de l'artisanat, soit au niveau du ministère de la Culture orientés sur les métiers d'art. »Stéphane Galerneau est né en Allemagne, il a grandi entre la Vendée - à l'ouest de la France - et Aurillac - dans le Sud-Ouest. Formé aux arts décoratifs, il débute sa carrière dans la création de mobilier pour de grandes maisons, avant de lancer sa propre société de fonderie d’art : Création Galant. Passionné par la matière, il a toujours cherché à allier design, technique et nature dans ses œuvres. Depuis 2022, il occupe le poste de président de l’Atelier d’Art de France, un syndicat des métiers d’art. Il défend la reconnaissance et la valorisation des métiers d’art, tout en développant des projets internationaux et en accompagnant de jeunes créateurs.La création, pour Stéphane Galarneau est une quête d’excellence, un processus de recherche, d’expérimentation et de transmission, où chaque pièce raconte une histoire, un savoir-faire, une identité. Dédié à la création et à la défense des métiers d’art, son engagement est fort dans la structuration du secteur. « J'avais envie de réveiller la vieille dame, mais j'avais plein d'idées en tête que je défendais depuis un certain temps qui ne passaient pas vraiment, très clairement, il y avait quand même une position politique qui était réelle dans le management du syndicat afin de pouvoir avancer sur des partenariats. Toutes les conventions que je suis en train de mettre en place avec les régions, avec les chambres des métiers, pour avancer tous dans la même direction. Notre force, c'est le nombre, le nombre et le réseau. Découvrir des talents au niveau communal ou municipal, les faire monter sur une plus grande ville d'un département pour arriver sur une manifestation régionale et terminer la consécration serait de devenir sur un Ob'Art à Paris, sur le salon Maison & Objet. Et le summum c'est d'arriver sur Révélations ou encore plus loin quand nous faisons des manifestations en Chine ou ailleurs. »« C'est tout un cursus de découverte de talents parce que des gens qui ont des savoirs faire, il y en a partout. Si nous voulons qu'un métier d'art vive bien de son métier, il faut monter en gamme. Il n'y a pas de mystère, il n'y a pas d'intermédiaire. Je ne veux pas prononcer le terme de luxe, mais de valorisation, une vraie valeur ajoutée dans son produit. Il faut avoir une certaine notoriété, que l'identité de la personne soit reconnue au travers de ses créations, ses techniques, que son savoir-faire soient valorisés par des pièces d'exception. »Pour Stéphane Galerneau, les métiers d'art représentent un patrimoine vivant, l'art de vivre à la française, une technicité et une forte identité culturelle exportable. Stéphane Galerneau a donc conclu des partenariats avec la Chine, puis le Québec, afin d'organiser des éditions du salon Révélations hors de France.Mais ces opportunités sont aussi des défis à relever. Cela nécessite des partenaires locaux et une adaptation culturelle.« Il faut quelqu'un pour organiser. Il nous faut un partenaire. C'est un partenaire qui, lui, connaît son marché, parle la langue. Une approche de l'institutionnel un peu particulière. La Chine, c'est très compliqué. C’était dans le cadre des 60 ans du rapprochement culturel entre la France et la Chine. Nous avons fait un premier essai institutionnel sur un espace de 1 600 mètres carrés au centre de Pékin. L'espace était petit. Nous étions loin, donc il valait mieux faire quelque chose de très bien et de pas trop grand. Après, l'activité de Shanghai est beaucoup plus importante que celle de Pékin, Shanghai Design est aussi un évènement très puissant. Au Québec, il y a cette approche aussi parce que Montréal est très dynamique commercialement parlant. Nous restons francophone. Moi, je tiens beaucoup à cet attachement culturel. C'est entre la licence et la convention. Moyennant une certaine somme, ils ont le droit d'exploiter le nom Révélations, nous offrons tous les codes de Révélations. »« Le cahier des charges de Révélations est long et complexe. Nous sommes pour la sauvegarde de l'artisanat d'art, donc nous tenons au terme artisan, entreprise unipersonnelle ou petites sociétés. Des artisans qui font leurs propres créations et ce cahier des charges est encadré pour éviter les dérives. Nous avons des demandes pour Révélations d'artistes mondialement connus. Non ! nous ne sommes pas dans le monde artistique, nous ne concurrençons pas certains types de salons. Nous créons notre propre typologie de salon qui doit rester dans un cadre très, très précis. C'est cela que nous mettons en place comme partenariat. »Italie, Québec, Corée du Sud, Grèce, Irlande, Philippines, Malaisie ou encore Brésil. L'édition Révélations de 2025 a reçu des candidatures venues de 35 pays. « Cette année, cela a été exceptionnel. Nous avons reçu presque 900 candidatures pour 550 places. Donc nous avons retenu 550 exposants avec 35 pays représentés. Il y a une forte demande de l'international aussi. Nous nous sommes construit de façon institutionnelle, commerciale et culturelle aussi. Nous avons eu ce bel exemple avec le Québec où le ministre du Québec a découvert ses créateurs en venant sur le salon qu'il avait financé sur Paris avec Révélations. Nous avons d'autres exemples avec le Chili, le Brésil, ils découvrent l'événement, leurs créateurs, l'organisation syndicale qui permet ce genre d'événement et après ils mettent en place des choses pour les porter de la même façon chez eux, cela crée des ponts et des liens. Pour les métiers traditionnels, je cite souvent la Plumasserie. Il y a cinq ans, nous nous serions arrêté au Moulin Rouge et à quelques décors pour des cabarets alors que la plume s’est retrouvée au niveau de la décoration, du bijou, du luminaire un produit qui semblait complètement désuet a été redéveloppé. En ce moment, c'est textile qui est en train de revenir. C'est devenu un support avec une diversité de matériaux, de techniques. Il y a du volume, de la sculpture en textile. Nous oublions la terminologie ou le cœur de métier face à la création autour du produit. »Verre, bois, textile, céramique, paille, crin de cheval ou plumes, la diversité des matières présentées à Révélations plonge le grand public au cœur des savoir-faire des talents venus des quatre coins du monde. « Sur Révélations, il y a une spécificité, c'est le banquet. Il y a un commissaire d'exposition qui sélectionne les 12 pays qui vont être dessus. Pour arriver à 35 pays, tous les autres exposants, présentent un dossier s’ils veulent exposer, soit en individuel, soit à plusieurs sur un stand. Mais même quand ils exposent à plusieurs, même le pays à l'honneur cette année qui était l'Italie, ils ont 22 créateurs. Le dossier de chaque créateur est examiné. Ce n’est pas parce que c'est à l'autre bout du monde qu’il ne présente pas le même type de dossier avec les différentes pièces réalisées par la personne, son enregistrement dans une chambre professionnelle locale. Il y a différentes variétés, mais il y a un dossier pour chaque créateur. »« Après, c'est évident qu'il y a une réalité économique par rapport à ce genre de salon. C'est un salon qui est relativement cher, qui est loin. Il y a des frais de douane, des frais d'exportation, donc des fois des petites structures, l’artisan d'art étant à 80 % une société unipersonnelle, que ce soit pour des Français, pour aller en Chine ou des Africains pour venir en France, il y a quand même un investissement de fond qui n'est peut-être pas toujours accessible à un créateur individuel. C'est pour cela que c'est souvent les organismes d'État qui gèrent l'échange et la participation, cela permet de regrouper les informations, les transports aussi, les frais de douane, toute la communication, la logistique qui va autour. Porté par un gouvernement, je pense que c'est plus facile. »Entre son métier et la présidence d’Atelier d’Art de France, Stéphane Galerneau est au cœur des métiers d’art. Avec sa stratégie de développement régional, national et international, il souhaite construire des connexions et assurer la pérennité et l'évolution de ces savoir-faire précieux.« L'idée, c'est de créer du lien pour que les adhérents se connaissent. En faisant beaucoup de salons, que ce soit le salon Ob’Art, ou Maison & Objet, cela crée des petites familles. Nous sommes cinq ou six voisins sur les îlots, nous nous retrouvons pendant 10 ou 15 ans, nous finissons par connaître tout le monde. Il y en a qui sont à la septième édition de Révélations, cela crée des liens, il y a le côté syndical, il y a le côté curation qui donne une certaine valeur de label et après il y a les salons que nous arrivons à faire. Quand nous regardons les CV des adhérents d’Ateliers d'Art de France, quand ils ont fait Révélations, c'est en tête. Après, nous, nous n’avons pas de critère de jugement par rapport à certains types de formations. C'est très compliqué de juger les gens. Nous jugeons sur la base, la réalisation, la pièce avec les critères de créativité, de savoir-faire. » Abonnez-vous à 100% création100% création est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : PURE RADIO, Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS. Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté.Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux : Instagram 100% CréationFacebook 100% Création-RFI